Burundi, une ségrégation médiatique assumée
Être journaliste privé au Burundi demeure un véritable défi. Le 13 mars 2025, lors d'une conférence de presse, le ministre burundais des Finances, Nestor Ntahontuye, a déclaré sans détour qu'il ne communiquait pas d'informations officielles aux médias privés. Une prise de position alarmante qui révèle, une fois de plus, à quel point la liberté d’informer est menacée au Burundi.
Je suis stupéfait par une telle déclaration ! Un ministre ne peut pas choisir arbitrairement les médias auxquels il s'adresse. Répondre aux questions des journalistes n'est pas une faveur, mais une obligation. Le ministre est comptable de sa gestion devant les citoyens, qui le rémunèrent à travers leurs impôts. Autrement dit, le véritable employeur du ministre, c'est le peuple.
Les journalistes, qu'ils soient du secteur public ou privé, exercent un droit constitutionnel fondamental : celui d'informer. Ignorer certains médias revient à priver une partie des citoyens de leur droit à l'information.
Je pense qu'une telle attitude nuit à tous, y compris au ministre lui-même. En coupant les canaux de communication, il alimente les suspicions, fondées ou non. Privés d'accès à des informations officielles, les journalistes se tournent naturellement vers d'autres sources, avec les risques d'erreurs que cela implique. Cette opacité favorise les rumeurs et la désinformation. Au bout du compte, ce sont les Burundais qui en pâtissent, car une information tronquée ou inexistante nuit au débat public et à la démocratie.
Je m'indigne contre la catégorisation des médias, car elle porte atteinte à la liberté de la presse. Les médias, qu'ils soient publics ou privés, ont une mission commune : informer les citoyens de manière juste et équilibrée.
À mes yeux, la déclaration du ministre est inquiétante, car elle établit une distinction artificielle et injustifiée entre les journalistes. Cela crée une forme de ségrégation médiatique contraire aux principes démocratiques. Le rôle des médias est de servir l'intérêt public, et toute tentative de marginaliser une partie de la presse constitue une atteinte à la liberté d'informer.
Je recommande au CNC de veiller au respect de la Constitution qui garantit à tous les citoyens le droit à l'information. En tant qu'organe régulateur, le CNC doit pleinement jouer son rôle et s'assurer qu'aucune entrave n'est imposée aux journalistes, quel que soit le média pour lequel ils travaillent.
Enfin, je rappelle que la transparence et l'accès à l'information sont des piliers essentiels de la bonne gouvernance et du progrès de notre pays.
Selon vous, quels dangers cette ségrégation médiatique entre médias publics et privés fait-elle peser sur l’avenir de la presse et sur le travail des journalistes au Burundi ?