J’ai naturellement sollicité la réaction du Président de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) après les graves accusations formulées par le commissaire Aloys Batungwanayo, récemment poussé à la démission.
Je remercie M. Ndayicariye d’avoir répondu à ma demande.
Cependant, sa réponse ne fait que confirmer l’atmosphère délétère qui règne au sein de cette commission, censée pourtant offrir aux Burundais la "vérité et la réconciliation". Le tableau qu’il dresse est préoccupant.
Ainsi, M. Ndayicariye accuse son ex-commissaire d’avoir organisé, le 3 janvier 2025, une réunion dans les locaux de la CVR en compagnie de plus de dix étrangers. D’après lui, cette réunion était dirigée par le Vice-président de la CVR et Aloys Batungwanayo lui-même.
"Ni le Président de la CVR ni la plénière de la commission n’étaient au courant", affirme-t-il.
Une telle accusation soulève de nombreuses questions : comment une réunion non autorisée a-t-elle pu être organisée dans les locaux de la commission, de 9 heures jusque tard dans l’après-midi ? Qui étaient ces mystérieux étrangers ? Pourquoi le Président de la CVR, garant du bon fonctionnement de l’institution, n’a-t-il pas interrompu une réunion qu’il qualifie lui-même de clandestine ? Ces zones d’ombre ne manquent pas d’intriguer.
Mais le plus troublant reste à venir.
Un accord “secret”
Selon M. Ndayicariye, un accord "secret" aurait été signé le 21 décembre 2023 par le Vice-président Ninziza, sans l’autorisation ni le mandat du Président de la CVR.
"Un accord négocié clandestinement et signé par une personne non habilitée", déplore-t-il.
Là encore, les interrogations abondent : quel est le contenu de cet accord ? Qui en sont les véritables instigateurs et signataires ? Plus inquiétant encore, M. Ndayicariye révèle que cet accord est resté “secret” jusqu’en janvier 2025. Autrement dit, pendant plus d’un an, le Président de la CVR a travaillé aux côtés d’un vice-président ayant conclu un pacte confidentiel dans son dos.
Une atmosphère de complot semble ainsi avoir régné au sein de l’institution, mettant en péril sa mission et sa crédibilité.
Enfin, M. Ndayicariye conclut son message par une menace à peine voilée à l’encontre d’Aloys Batungwanayo :
"POUR LE RESTE, MUHE UMWANYA AVUGE... ASEKE INZEGO."
Le terme "aseke" peut être interprété de deux manières : soit dans le sens de "heurter, affronter", soit dans celui de " se moquer" . L’intéressé '(M. Batungwanayo) appréciera.
Une question légitime se pose alors : comment les Burundais peuvent-ils espérer obtenir la "vérité et la réconciliation" d’une commission gangrenée par de telles intrigues et manœuvres souterraines ?
Plus j’avance dans cette saga, plus mon espoir s’amenuise.
Et vous ?