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Avatar de Jean-Marie Ntahimpera

Merci beaucoup Antoine pour ce papier bien fouillé avec des sources de première main.

Moi je pense que cette rencontre de Doha est très utile car quand les protagonistes se rencontrent, ça peut toujours faciliter le dialogue.

Pour moi, cette rencontre montre que la guerre en RDC entre dans une deuxième phase, cette du réalisme. Avant, Tshisekedi refusait toute negotiation “directe” avec le M23, espérant reprendre le terrain avec l'aide des Burundais et de la SADC. Maintenant, après la prise de Goma et de Bukavu, il a compris qu'aucune force étrangėre ne le sauvera. Le M23 est en position de force, et si Tshisekedi continue de refuser les négociations, d'autres villes tomberont. Lubumbashi notamment serait dans le viseur.

L'autre chose que j'ai compris est que les fameuses “solutions africaines aux problèmes africains”, c'est du pipo. Le Qatar réussit la où l'EAC, la SADC et l'Union africaine ont échoué. Comme dans toute négociation, c'est le pays qui a suffisamment de cartes pour faire pression sur les deux protagonistes qui peut amener chacune des parties à faire les concessions nécessaires pour que la paix soit possible. Ce n'est ni l'Afrique du Sud, dont les relations avec le Rwanda sont exécrables, ni aucun autre pays africain. Ça ne peut pas être les Etats-Unis ou l'Europe, qui ont d'autres chats à fouetter avec l'Ukraine et le Moyen Orient. S'ils m'écoutaient, je les conseillerais donc de laisser tomber les processus de Nairobi et de Louanda et de confier ce problème aux Qatari. Car j'ai l'impression que cette monarchie est intéressée à faire des affaires avec les deux pays, et comme on le sait, la guerre c'est mauvais pour le business. 😊

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Avatar de Landry

Merci Tony pour ton article. Je viens de le lire avec intérêt et j’ai deux commentaires:

Premièrement, je regrette que deux Chefs d’Etat doivent se déplacer sur les terres arides et désertes du Moyen-Orient à la recherche de solution à une crise au cœur de l’Afrique Centrale. Où sont passés les blocs régionaux de l’EAC et de la SADC? Qu’est-ce qui explique le silence ou plutôt l' impuissance de l’Union Africaine? Que sont devenus les processus de Luanda et Nairobi? Comment Lourenço et Kenyatta se sont sentis mardi soir en voyant le grand Émir assis au milieu des Numéros Uns Congolais et Rwandais? Bref, où est passée la souveraineté africaine?

Je veux bien que l’Ambassadeur Olivier Nduhungirehe tranquillise qu’il ne s’agit pas d’un processus parallèle, ou encore que le chercheur Vircoulon rappelle que les médiations ne se remplacent pas, mais toujours est-il que le fait que les dirigeants africains se réunissent au Qatar pour négocier un cessez-le-feu dans l'est de la RDC au lieu de s'appuyer sur les mécanismes pilotés par l'UA et d’autres blocs régionaux révèle un échec profond de la diplomatie africaine.

Deuxièmement, qualifier le Burundi d'être ‘un acteur discret et silencieux’ est pour moi un euphémisme troublant. Evariste Ndayishimiye a déployé plus d’une dizaine de bataillons dans les deux Kivu! Avec cette force, le Burundi apporte une contribution active au conflit et son rôle ne saurait être négligé ou minimisé. Plus préoccupant, cette présence des forces burundaises sur le sol congolais suggère que Gitega pourrait jouer un rôle plus ambigu, voire incendiaire à travers l’exportation des dynamiques internes de répression, voire à poursuivre des objectifs liés à un "génocide à petit feu" dans la région des Grands Lacs, en collaboration avec d'autres acteurs tristement célèbres pour leurs atrocités. Bien que ces allégations restent spéculatives et non étayées par des preuves solides, elles reflètent une méfiance envers les intentions de Bujumbura. Incapable de justifier les défaites subies par l’armée burundaise et les lourdes pertes en hommes et en armes, Gitega impose un silence absolu, oubliant que l’ère du numérique ne permet plus de garder secrètement une telle opération hyper sensible et sous les feux des projecteurs des médias du monde entier.

Les jours et semaines à venir nous diront si les multiples initiatives diplomatiques parviendront à faire taire les armes de manière définitive. Mais à mes frères et sœurs africains, retenez que ce n’est ni de l’Orient, ni de l’Occident que viendra la solution à la crise en cours. Le Qatar aujourd’hui, la Belgique et les USA hier poursuivent un agenda bien précis fondé sur les intérêts géostratégiques et économiques nationaux. L’histoire retiendra que l'intrusion du Qatar dans les efforts de médiation a sonné la mort de l'UA - une institution qui était censée être la première responsable en matière de résolution des conflits sur le continent, mais qui a brillé par son absence et est restée largement inefficace face à la crise en RDC. Au-delà du manque de leadership, c’est un nouveau coup porté à la souveraineté africaine.

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