"Hutsi, au nom de tous les sangs"
Un témoignage désormais accessible à tous les sangs du monde
Suite à de nombreuses demandes venues de lecteurs aux quatre coins du monde, j’ai le plaisir d’annoncer la réédition de mon livre Hutsi, au nom de tous les sangs, désormais disponible au format Kindle.
Cette nouvelle édition numérique représente bien plus qu’un simple changement de format : elle rend accessible à tous un témoignage essentiel et permet de franchir les barrières géographiques qui limitaient sa diffusion. Le livre reste également disponible en version papier pour ceux qui privilégient le contact tactile avec l’œuvre.
Un livre qui dérange et libère les consciences
Depuis sa première publication en 2019, Hutsi a suscité des réactions passionnées. Controversé par certains, salué par d’autres, il n’a jamais laissé ses lecteurs indifférents. Ce récit dérange, interroge, ébranle les certitudes. Et pour cause : il ne s’agit pas d’une fiction ordinaire, mais d’un témoignage inspiré de faits tragiquement réels, une plongée bouleversante dans les douleurs d’un peuple et les blessures intimes d’un enfant et de sa famille.
L’accès numérique permet aujourd’hui à ce témoignage de circuler plus librement, d’atteindre la diaspora burundaise dispersée aux quatre coins du monde, mais aussi tous ceux qui s’intéressent aux questions de réconciliation et de guérison collective.
Une rencontre fortuite, un témoignage nécessaire
Ce livre est né d’une rencontre fortuite entre deux journalistes en exil : Aloys Niyoyita et moi-même. L’exil pousse à l’introspection, aux confidences. Au fil de nos échanges, j’ai découvert une histoire que je ne soupçonnais pas : celle d’une famille décapitée, d’une enfance broyée, d’un mal-être profond qui traverse les générations.
En 1972, des familles tutsi furent massacrées par des éléments hutu dans plusieurs communes du sud du Burundi. Bien que ces tueries soient restées géographiquement limitées – ce que confirment tous les historiens –, une terrible répression traversa tout le pays comme une gigantesque lame de fond.
Le père d’Aloys, Robert Kanyarushatsi, instituteur hutu dans le nord du pays, fut arrêté et transféré à Gitega. Il ne revint jamais, comme tant d’autres Hutu arrêtés à travers le territoire. Cette disparition fracassa à jamais la petite famille.
"Au nom de tous les sangs qui coulent en moi"
C’est cette vie brisée qu’Aloys Niyoyita m’a confiée, non dans un esprit de revanche, mais pour lancer un cri d’amour universel. Un cri « au nom de tous les sangs qui coulent en lui ». Car Aloys, dont la mère est Ganwa, refuse l’enfermement ethnique. Son témoignage, rendu accessible numériquement, peut désormais toucher tous ceux qui portent en eux des blessures similaires :
Je veux dire mon histoire, ma douleur
Fils de cette terre nourrie de tant de souffrances
Au nom de tous les sangs qui coulent en moi
Au nom de tous ceux qui ont souffert comme moi
Au nom de tous ceux qui meurent sans savoir pourquoi
Tous ceux qui traînent leur mal-être en eux comme moi
Je refuse le silence
Des témoignages poignants qui traversent le temps
Le livre regorge de passages d’une intensité rare, comme ce récit bouleversant de Melaniya, la mère d’Aloys, cherchant en vain son mari au commissariat :
« Au bureau du commissaire, elle retrouve l’administration au travail, appliquée, indifférente. Personne ne veut lui parler. Elle erre, invisible, dans les couloirs d’un commissariat qu’elle connaît pourtant bien. […] Melaniya ne pleure pas. Au Burundi, les larmes coulent vers l’intérieur. […] Sur le chemin du retour, elle croise des femmes qui lui demandent si tout va bien. Elle répond, selon l’usage : "Oui, tout va bien." Alors qu’elle porte déjà, dans son cœur, l’absence définitive. »
Aloys établit également un parallèle saisissant avec des disparitions plus récentes, comme celle de Rodrigue Nzeyimana en 2018, démontrant que la machine de la répression continue de broyer des vies innocentes :
« En mai 1972, un homme a disparu. À l’époque, il n’y avait pas WhatsApp et les réseaux sociaux. En ces temps-là, on pouvait arrêter et faire disparaître tranquillement des centaines, des milliers de citoyens. Qu’y a-t-il de commun entre Robert Kanyarushatsi, mon papa, un simple instituteur devenu directeur d’une école primaire perdue au nord du Burundi, et Rodrigue Nzeyimana, fils d’un ancien ministre, un jeune issu de la bonne société de Bujumbura, manager d’une florissante usine ? Rien, a priori.
Mais, pour moi, Robert et Rodrigue sont "frères dans la disparition". Comme si l’histoire se répétait, hier comme aujourd’hui, les prédateurs disposent des monstrueuses ressources du pouvoir et du mal.
(…) La machine, qui a broyé la vie de l’instituteur Kanyarushatsi, a brisé l’envol du jeune cadre promis à un bel avenir. Rodrigue Nzeyimana, jeune marié, n’aura connu que trois mois de bonheur avec son épouse. »
L’importance cruciale du format numérique
La disponibilité de Hutsi, au nom de tous les sangs en version numérique, revêt une portée essentielle. Elle assure une accessibilité immédiate aux membres de la diaspora burundaise et à tous ceux qui, à travers le monde, cherchent à comprendre une histoire souvent tue. Ce format garantit également la préservation de la mémoire collective, en protégeant ce témoignage de l’oubli ou de la disparition physique. Il permet une diffusion sans frontières, libérée des contraintes géographiques ou logistiques, et offre une intimité de lecture précieuse, notamment face à des récits aussi douloureux. C’est, enfin, une manière de faire entendre un appel à la réconciliation, dans un monde qui peine encore à écouter les voix qui dérangent.
Un appel à la réconciliation qui dérange
Bien que Hutsi soit fondamentalement un appel à la réconciliation, il a été attaqué par les partisans de la "pureté ethnique". Sa sincérité dérange tous les extrêmes. Cette résistance montre à quel point il était nécessaire de rendre ce témoignage plus accessible.
De tous les livres que j’ai écrits ou édités, celui-ci m’a bouleversé le plus profondément. C’est une œuvre qui transcende les époques, qui parle à l’humanité entière de la nécessité de briser les silences mortifères.
Je suis profondément heureux que cette réédition numérique permette enfin à Hutsi, au nom de tous les sangs de circuler librement, de toucher tous ceux qui en ont besoin, où qu’ils se trouvent. Car comme le dit si justement Aloys : nous sommes tous, d’une manière ou d’une autre, des êtres hybrides, complets, porteurs de tous les sangs de l’humanité.
La préface de Gaël Faye
Mon premier lecteur fut l’écrivain Gaël Faye, Prix Goncourt des lycéens, à qui j’avais envoyé le manuscrit en sollicitant une préface. Sa réaction m’a profondément marqué.
Dans sa préface, l’auteur de Petit pays a écrit des mots qui résonnent encore en moi :
« En refermant cette histoire, je me suis laissé envahir par l’espérance qui traverse les pages de ce livre. […] Là où les humains ne parlent plus, un livre devient une archive indispensable, rare et précieuse. Un acte d’existence. Une trace de vie. »
Cette préface confirme ce que ressentent déjà de nombreux lecteurs : face à un témoignage d'une telle force, il devient impératif de lever tous les obstacles à sa diffusion. Le format numérique répond à cette exigence.
Je vous invite à découvrir dès maintenant la version numérique de « Hutsi, au nom de tous les sangs ». Ce témoignage, que des lecteurs décrivent comme bouleversant et porté par une écriture d'une sobriété profonde, est désormais à portée de clic grâce à sa version numérique.
La version numérique est disponible dès maintenant sur Kindle. La version papier reste également en vente.