“Investir dans la production d’engrais en Tanzanie paraît en totale contradiction avec l’intérêt national”
Trois questions à Jean Ndenzako
Le Burundi est désormais classé 4ᵉ investisseur en Tanzanie au troisième trimestre, derrière des puissances comme la Chine, l’Arabie Saoudite et la Suisse. Certains se félicitent mais l’économiste estime que le Burundi envoie un message dévastateur. Eclairage.
Professeur Jean Ndenzako, le Burundi traverse une crise économique majeure : en quoi la décision d’investir à l’étranger, notamment dans la production d’engrais en Tanzanie, pose-t-elle un problème dans ce contexte ?
Le Burundi fait face à une situation économique d’une gravité exceptionnelle : une inflation avoisinant 45 %, un déficit budgétaire supérieur à 9 % du budget annuel et des réserves de change couvrant moins d’un demi-mois d’importations. Dans un tel contexte, l’agriculture nationale souffre cruellement d’un accès limité aux engrais et d’une production instable qui alimente l’inflation alimentaire et aggrave la pauvreté.
C’est précisément pour cette raison que la décision de citoyens disposant de capitaux conséquents d’investir dans la production d’engrais en Tanzanie paraît en totale contradiction avec l’intérêt national. Ce choix soulève plusieurs questions éthiques et stratégiques.
Certains justifient ces investissements par la recherche de rentabilité et la compétitivité régionale. Pourquoi considérez-vous ces arguments comme peu convaincants ?
Sur le plan économique, investir à l’étranger représente une sortie de capitaux qui prive le pays de ressources dont il a urgemment besoin pour financer des projets locaux créateurs d’emplois et stabilisateurs de l’économie. Il prive également les producteurs burundais d’un accès direct à une filière d’approvisionnement locale, pourtant indispensable à la souveraineté alimentaire. Dans un pays où l’on sollicite régulièrement l’effacement de dettes et l’appui des donateurs, cette démarche fragilise encore davantage la crédibilité des discours officiels sur l’autosuffisance et le développement endogène.
Les défenseurs de cet investissement invoquent parfois la compétitivité régionale ou la promesse d’un retour financier plus rapide. Mais ces justifications ne résistent pas à l’examen : rien ne garantit que les engrais produits seront réimportés au Burundi à un coût abordable ni qu’ils profiteront effectivement aux agriculteurs locaux. Il s’agit avant tout d’une stratégie patrimoniale individuelle, qui apparaît d’autant plus déplacée qu’elle s’inscrit dans un contexte d’extrême vulnérabilité collective.
Au-delà des aspects économiques, vous soulevez une dimension symbolique forte. Quel message ce type d’investissement envoie-t-il à la communauté internationale et à la population burundaise ?
Sur le plan symbolique, ce choix envoie un signal dévastateur : si ceux qui disposent de ressources préfèrent sécuriser leurs investissements hors des frontières, pourquoi les bailleurs et les partenaires devraient-ils continuer à faire confiance à la volonté du Burundi de renforcer son autonomie productive ?
Le paradoxe est d’autant plus frappant que le Burundi est désormais classé 4ᵉ investisseur en Tanzanie au troisième trimestre, derrière des puissances comme la Chine, l’Arabie Saoudite et la Suisse. Ce positionnement peut flatter l’orgueil national, mais il faut mesurer lucidement l’ampleur du décalage : ces pays disposent de réserves de change colossales, d’industries compétitives et d’un excédent budgétaire ou de capacités d’endettement confortables. À l’inverse, le Burundi cumule déficit budgétaire chronique, dépendance à l’aide et fragilité financière. Emuler ces économies n’est pas un gage de modernité ; c’est au contraire une fuite en avant dangereuse, qui détourne des ressources vitales de priorités essentielles comme la santé, l’éducation et la sécurité alimentaire.
Pour toutes ces raisons, il est essentiel d’ouvrir un débat public sur la priorité des investissements en période de crise. La reconstruction économique du pays ne peut pas reposer uniquement sur la solidarité internationale : elle exige aussi que les capitaux privés s’engagent en priorité au service du développement local, au bénéfice de l’ensemble des citoyens.
Question: Selon vous, comment inciter les détenteurs de capitaux burundais à investir chez nous, là où les besoins sont les plus urgents ? Votre avis nous intéresse. Merci
* Jean Ndenzako est économiste, spécialisé en analyse macroéconomique, politique budgétaire et marché du travail... Titulaire d’un diplôme de troisième cycle en économie, avec des certifications de Harvard et du MIT, il conseille depuis plusieurs décennies des gouvernements, des organisations internationales et des institutions académiques sur les politiques de développement durable, de stabilité économique et de réduction de la pauvreté.
Est ce vraiment une fuite des capitaux Burundais ou blanchiment de fonds? Dire cela présume que les détenteurs en question, l'ont accumulés légalement. Je m'explique:
L'usine d'engrais chimiques, en question, est "Exibit A" de la situation Burundaise. Vous avez une poignées des généraux et un petit nombre de civils qui suffoquent l’économie Burundaise. Tout doit passer par eux comme des plantes parasites sur un palmier !
Le Burundi est devenue depuis 2015 et, reste tjrs "un-investable". Du moins du point de vue des détenteurs de capitaux propres car il est(Dans la zone Nord-Américaine ), comme je l'ai dit, interdit d'investir dans un pays gangrené par la corruption. Dans la zone des grand lacs, seul le Rwanda est "investable".
Prenons Mr Adrien Ntigacika, ce monsieur est au top d'un holdings qui gère Fomi (engrais chimiques),banque (Bcab avec des agences dans tout le pays),inkinzo assurance ,itracom (service de transports)etc etc. la réalité est que cette poignée de généraux et civils sont des actionnaires dans ce holding qui n'est qu'un véhicule de confisquer et puis blanchir les capitaux. Au top de cette machine, il y a La BRB au service d’imprimerie le président de la République ! Je vous rappelle que l'ancien patron de la BRB et le seul patron d'une banque centrale, a ce que je sache, qui a été emprisonné pour avoir blanchi de l'argent. Ce dossier est hyper riche, mais on sait rien! Bon bref....
Voici une question que je me suis tjrs posée: " Qui est permis d'acheter ou forcé de vendre les USD aux taux officiel de la BRB?".
Je vous rappelle que ce taux d’échange est tellement important au president Burundais qu'il a même refusé la deuxième tranche d'aide de la Banque Mondiale. $200 millions pour un pays qui, officiellement, n'a même pas 2 mois de réserves monétaires pour acquérir du carburant ou produits pharmaceutiques. Je ne suis pas entrain de dire qu'il aurait du prendre le dit credit de la FMI(Ceci est une autre conversation), mais que la raison qu'il a avancée ne tient pas du tout. On a un président qui passe tout son temps à chauffer la planche à billets! 45% de taux d'inflation peut être vue comme une dévaluation causée par la production de la masse monétaire. Donc la dévaluation est le moindre des soucies du président .
Ce taux d’échange est un outil de confiscation du pouvoir d'achat de certains groupes (civils) économiques:
1-Je soupçonne que la majorité des salaires des soldats Burundais envoyés dans des différentes missions onusiennes, l'Union Africaines et même son dernier adventure en RDC, sont et ont été convertis avec ce taux. 50% de pouvoir d'achat de leur travail confisqué pendant des années!
2-Les prix payés aux producteurs de différents produits qui, historiquement ont été la source des devises a été calculés sur base de ce taux de conversion. Si quelqu'un pouvait faire des études approfondies, je ne serai pas surpris que cette injustice structurelle soit la cause de la destruction de la culture du Café, etc....
3-Les transferts de la diaspora Burundaise: Je sais que les gens ont le droit de les recevoir en USD mais,..... En cherchant les details des sources de transferts au Burundi, j'ai été surpris que en haut de la liste de source de ces transferts , ce n'est pas la Communauté Européenne ou le Nord Amérique(Canada & USA, etc): 61% des transferts vers Burundi viennent de la Tanzanie et le Rwanda(ironique car les frontières avec ce pays sont fermées )! Ceci me conduit a soupçonner que les provinces frontalières sont les principales bénéficiaires de ces transferts et, je crains qu'il y a des gens qui, par ignorance ou intimidations, se font fait escroquer par ce taux de conversion tous les jours.
4-Vous savez tous que l'Or est aussi liquide que les USD. Pour bien pas mal d'acteurs économiques, l'or (AUR) est une monnaie sûre. https://archive.ph/Gzdid
Le Burundi a, en 2003, produit a officiellement 2.855 Tonnes d'or. Presque 3 tonnes, sans compter les productions parallèles. Les dernières informations que j'ai pues trouver : 42KG en Janvier 2023, rien en 2024!!!! L'or a presque doublé pendant cette période. A votre avis, il y a plus d'or au Burundi? Sérieusement?
https://www.ceicdata.com/en/indicator/burundi/gold-production
Je pourrais continuer ... mais concentrons nous plutôt sur les solutions necessiares pour récupérer le Burundi des mains de ces pilleurs avant qu'il soit trop tard.
Le Burundi est dans la situation socio-ecomique similaire à celle du Zaire sous Mobutu vers sa fin. Voici, pour les jeunes, ce que était le Zaire vers la fin:
https://archive.ph/ZfZV4
" Le Zaïre a connu plus que la corruption, de nombreux pays en souffrent. Il a vu le vol systématique de l'État, de haut en bas. Les politiciens et les fonctionnaires de tous rangs ont englouti les institutions du gouvernement jusqu'à ce qu'elles ressemblent à des piliers de bois dévorés par les termites : la moindre poussée les fait s'effondrer dans un nuage de poussière." L’économiste .
A la question ...Quel message ce type d’investissement envoie-t-il à la communauté internationale et à la population burundaise ?... Je reste sur ma faim quant à la réponse qui a été donnée!... Au-delà de voir (comparer) le Burundi par rapport à ces puissances économiques qui le précèdent dans le classement, à travers un prisme budgétaire et réserves de change; ce paradoxe, à mon avis s'explique mieux par l'inéfficacité ou contradiction des politiques menées par le pouvoir pour promouvoir les IDEs. Inciter la diaspora burundaise et les étrangers à investir massivement au pays, alors que le mm pouvoir semble encourager les nationaux à investir à l'étranger, ce qui s'apparente à une fuite des capitaux que le Burundi a desesperement besoin ressemble plutôt à scier l'arbre sur lequel on est assis!!...
Laissons parler les chiffres... 116 millions $$ pour la seule Tanzanie (les 3 premiers mois de 2025) est plus de 3 fois supérieur à la somme totale des IDEs (34 millions $$) reçus par le Burundi en 2023!!