Le Parlement burundais vient de donner raison au travail d’Iwacu: un appel pour le recrutement de nouveaux commissaires à la CNIDH a été lancé. Lorsqu’Iwacu a révélé l’existence d’une prévision de dépense de 150 millions de francs burundais dans le budget de la CNIDH pour l’achat d’un « salon VIP », quelques voix – certes minoritaires – se sont empressées de crier à la désinformation, à la manipulation… Ce ne sont pourtant ni notre méthode ni notre éthique.
Iwacu publie des informations rigoureusement vérifiées, puisées à des sources fiables et systématiquement recoupées. Dans le cas précis de la CNIDH, nous disposions de documents irréfutables. Je tiens d’ailleurs à remercier les nombreux citoyens, issus de divers secteurs, qui ont permis à la lumière de jaillir. C’est grâce à eux que nous avons pu mettre au jour, preuves à l’appui, cette mauvaise gouvernance qui gangrenait la commission.
Le droit de réponse exigé par le président de la CNIDH, et publié comme le prévoit la loi, n’a fait qu’aggraver sa situation. Loin d’atténuer les doutes, il les a renforcés. Ce fut, au mieux, une diversion maladroite. Iwacu avait raison, de bout en bout.
Le « coup », ou plutôt le coût du fameux salon VIP n’était que la partie émergée de l’iceberg. Au-delà de cette dépense aussi choquante que somptuaire, les dysfonctionnements – pour reprendre le terme diplomatique utilisé par l’Assemblée nationale – étaient nombreux, profonds… et anciens.
Il est à espérer que la future équipe à la tête de la CNIDH sera véritablement habitée par la mission de cette institution : défendre et promouvoir les droits humains. Les défis sont immenses. Pour mémoire, Iwacu a révélé que le budget alloué aux « voyages » s’élevait à près d’un demi-milliard de francs burundais (476 millions), tandis que la rubrique « promotion des droits humains » – cœur même du mandat de la Commission – ne bénéficiait que de 90 millions, soit à peine 11,8 % du budget. Cherchez l’erreur.
Nous sommes convaincus que le véritable travail de la CNIDH se mène sur le terrain, au plus près des réalités, dans les prisons burundaises, dans les bureaux poussiéreux où dorment des dossiers oubliés. Certainement pas dans les airs, dans les salons VIP ou lors de dîners mondains aux quatre coins du monde.
Plus inquiétant encore, le droit de réponse du président de la CNIDH a révélé une dérive personnelle : celle d’un homme manifestement plus préoccupé par son image que par les missions de l’institution qu’il dirigeait. Il semble avoir oublié qu’il ne présidait pas une entité privée, encore moins un héritage personnel, mais une commission publique, financée en grande partie par les impôts des Burundais. À ce titre, il doit rendre des comptes. C’est une exigence démocratique.
D’ailleurs, pourquoi ne pas aller plus loin ? Pourquoi ne pas rendre publics les budgets de toutes les commissions et institutions qui fonctionnent grâce à l’argent des contribuables ? La transparence n’est pas un luxe, c’est un devoir.
Pour le reste, nous recevons de nombreux messages d’encouragements de la part des citoyens. Ils nous remercient. Nous leur répondons simplement : nous n’avons fait que notre travail. Informer. C’est l’une des fonctions essentielles de la presse dans tout pays qui se veut normal.
Iwacu poursuivra sa mission d’investigation. Nous passerons à la loupe la ventilation du budget de fonctionnement de la prochaine équipe à la CNIDH. Et au-delà.
Et pour être tout à fait clair : il n’y a rien de personnel dans cette affaire. Je ne connais pas le président de la CNIDH. Nous avons donné des faits. Rien d’autre que des faits.
Le journalisme d’investigation n’est pas l’ennemi des institutions - il est leur garde-fou. Les citoyens qui nous témoignent leur soutien l’ont bien compris : notre travail renforce la démocratie, il ne l’affaiblit pas.
Enfin, le président déchu de la CNIDH a cru bon de qualifier les journalistes d’Iwacu de « misega » – chiens faméliques. Soit. Sans rancune. Les « chiens » ont simplement aboyé… au bon moment.
Question: Faudrait-il rendre publics les budgets de toutes les commissions et institutions qui fonctionnent grâce à l’argent des contribuables ? Votre avis compte
Un grand coup de chapeau à Antoine Kaburahe qui a révélé les dérives managériales de la CNIDH. Il a été appelé de tous les noms, mais la vérité finit toujours par triompher.
Concernant la publication des budgets des institutions publiques, c'est une pratique démocratie par excellence. Mais dans notre pays où les gestionnaires des institutions publiques s'y confondent, le chemin est encore long