RDC-RWANDA / Les États-Unis et l'UA privilégient une nouvelle dynamique, l'Europe marginalisée
Après la signature de l'accord de paix à Washington le 27 juin, entre deux avions, j'ai pu joindre par téléphone le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe.
D’après ce que j’ai compris, une nouvelle dynamique diplomatique semble émerger dans la région des Grands Lacs. Les États-Unis, en coordination avec l'Union africaine et avec l'appui du Qatar, prennent une place centrale dans les efforts de médiation. En revanche, l'Union européenne, critiquée pour son approche “jugée punitive” par le Rwanda, se retrouve en marge du processus.
Un rééquilibrage des influences internationales est en cours dans les Grands Lacs.
Interrogé d'abord sur ce qu'il ressent après cette signature, le ministre Nduhungirehe reste mesuré, la voix est posée. Aucun triomphalisme. Il rappelle d'abord que le 18 mars de cette année, l'émir du Qatar a réuni à Doha les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, ce qui, d'après lui, a ouvert la voie à une série de réunions à Doha sur deux volets : « Le volet bilatéral entre le Rwanda et la RDC et le volet interne entre l'AFC/M23 et le gouvernement congolais. »
Le ministre rwandais explique que la nouvelle administration américaine est venue avec une nouvelle approche qui intègre aussi un volet économique, un cadre de coopération économique régional. « Nous nous réjouissons que le Qatar ait été invité comme observateur à la signature de l'accord de paix de Washington, ce qui renforce la complémentarité entre les deux processus. »
D'ailleurs, poursuit le ministre Nduhungirehe, dans l'accord de paix qui a été signé, les parties se sont engagées à soutenir les pourparlers de Doha entre l'AFC/M23 et le gouvernement congolais : « La phase qui va suivre est de s'assurer qu'il y ait un accord aussi à Doha entre l'AFC/M23 et le gouvernement. Et dans ces pourparlers, les États-Unis et l'Union africaine seront également invités comme observateurs. »
L'UE et ses États membres « out »
Le 27 juin, lors de la signature de l'accord à Washington, l'Afrique était représentée à travers le président de la Commission de l'Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, mais aussi le ministre des Affaires étrangères du Togo, Robert Ducey, représentant le médiateur africain, le président du Conseil Faure Gnassingbé.Pour rappel, après la prise de Goma, il y a eu un sommet conjoint de l'EAC, de la SADC à Dar es Salaam le 8 février 2025, qui a abouti à la nomination de cinq facilitateurs, qui vont travailler avec le médiateur nommé par l'Union africaine, le médiateur togolais. « Il y a donc tous ces médiateurs, l'Union africaine, le Qatar et les États-Unis qui travaillent ensemble dans ce processus. »
Quid de l'UE et ses États membres. Apparemment, les sanctions prises par l'UE ont laissé des traces. Le ministre rwandais des Affaires étrangères est clair : « L'Union européenne et ses États membres ne font pas partie de la médiation. Le Rwanda a critiqué l'approche punitive de l'Union européenne et de ses États membres à l'encontre du Rwanda, au lieu de nous aider à trouver une solution à ce conflit. »
Mais en bon diplomate, il dit que toutes les portes ne sont pas fermées : « Nous avons noté depuis hier que l'Union européenne et ses États membres se sont réjouis de la signature de cet accord. Nous espérons que cela va inciter le continent européen et les États membres de l'Union européenne à avoir une approche beaucoup plus constructive, pour faciliter le retour de la paix dans la région des Grands Lacs. »
Quid du Burundi ?
Tous les observateurs remarquent que le Burundi, dont les troupes sont pourtant présentes en RDC, est rarement évoqué dans le processus en cours depuis Doha et maintenant Washington. Apparemment, c'est un acteur ignoré et sa voix ne compte pas beaucoup. Le ministre rwandais indique simplement que « lorsque ce conflit aura trouvé une solution, les relations entre les deux pays vont se normaliser. »
Mais peut-être pour ne pas froisser le Burundi, le ministre Nduhungirehe signale que « les deux pays sont en contact au niveau des services de renseignement, au niveau militaire, même au niveau politique. Et nous pensons et nous appelons de nos vœux, bien sûr, à la normalisation de ces relations, parce que nous sommes des pays frères. »
La signature de l'accord de paix à Washington marque un tournant dans la gestion du conflit entre le Rwanda et la RDC. Elle consacre l'émergence d'un nouvel équilibre diplomatique, porté par les États-Unis, l'Union africaine et le Qatar, au détriment d'une Union européenne affaiblie par une politique de sanctions jugée contre-productive à l'égard du Rwanda. L'UE s'est retrouvée éjectée du processus et la Belgique, autrefois une voix de écoutée, a vu ses relations avec le Rwanda rompues.
C’est donc une nouvelle étape dans la recomposition diplomatique dans les Grands Lacs. Les États-Unis, en partenariat avec l'Union africaine et le Qatar, s'imposent désormais comme les principaux acteurs du processus. La méthode “bulldozer” de Donald Trump, paradoxalement, semble produire des résultats.
Reste à savoir si cette dynamique aboutira à un véritable règlement du conflit, notamment avec la nécessaire inclusion de l'AFC/M23 dans les pourparlers de Doha. Et si, à terme, des pays comme le Burundi, jusqu'ici relégués au second plan, trouveront leur place dans une architecture régionale de sécurité repensée.
On verra ce qui va se passer à Doha prochainement…
Il ne faut pas oublier que cette guerre a une partie économique très importante.
Kigali sort plus fort dans cette histoire car tous les signes pointent à une feuille de route qui va voir la region congolaise en question devenir une partie intégrée dans l’économie Rwandaise.
1-Le Qatar, propriétaire majoritaire de l’aéroport International de Kigali (60% de $1.3milliards). D’où l'importance du Qatar dans cette histoire.
2-Les USA on besoin d’une source des minerais nécessaires pour les nouvelles technologies.Le reste c'est un petit détails vraiment.
Investissement pour améliorer des infrastructures déjà en fonction (Routes, Usines, etc....) vers Kigali qui va investir dans des usines de transformation de ces minerais. Ceci est hyper important pour moi. Rappellez vous que, même si il est difficile d'y croire avec l'administration courante, il est interdit/illégale dans le system Américain faire du business avec des institutions corrompues. C'est pour cela que l'on préfère faire avec Kigali. Kinshasa aura un pourcentage des bénéfices, etc....
Il y a même un barrage hydroélectrique sur la Ruzizi qui sera construit. Quand au Burundi, et bien, il aura de l’électricité s'il peut payer les frais d'operations de dit Barrage qui sera construit et géré par une société 100% privée Américaine.
https://archive.ph/EU9p3
Quand aux mercenaires Burundais engagés par Tchisekedi de son homologue Burundais, et bien, cela est entre ces deux hommes! This is a about Business! Strictly Business!
https://archive.ph/eEz2V
Le premier volet de cet accord de Washington pourrait, s’il est appliqué, régler le différend entre le Rwanda et la RDC. Et le contenu de ce différend est très lourd. Et que dire de la bonne foi des interlocuteurs!
Le deuxième volet est tout aussi costaud: le différend entre le gouvernement de la RDC et l’AFC/ M23. Ici aussi les antagonistes se connaissent très bien et sont des habitués des volte-faces!!!!
Et quel est le délai donné à ces deux processus pour arriver à des conclusions satisfaisantes?
Les USA qui semblent maintenant dicter le rythme peuvent-ils s’accommoder des possibles fluctuations d’humeur des différents intervenants dans tous ces processus!!!